«…c’est dès aujourd’hui que nous jeunes, devrons nous mobiliser massivement pour préserver la planète…»
Agro-Environnementaliste, elle fait de l’éducation environnementale, la raison principale de son engagement au sein des communautés du Bénin. Idoxine Adoukè Astride AHOUMENOU n’a pas attendu l’âge mais use plutôt de sa jeunesse pour contribuer à la protection de l’environnement. Elle vient d’être récompensée du trophée ‘’10 jeunes les plus remarquables du Bénin’’ par la Jeune Chambre Internationale Bénin.
Vous voudriez vous présenter s’il vous plait !
Je suis Idoxine Adoukè Astride AHOUMENOU, Agro-Environnementaliste et assistante technique en lutte contre les changements climatiques et protection de l’environnement à l’ONG Jeunesse et Emplois Vert pour une Economie Verte. Après mes études universitaires en sciences agronomiques, je suis devenu un citoyen engagé en faveur des plus vulnérables, du changement climatique et de la protection de la faune et de la flore. Très sensible à tout ce qui touche notre planète et à son écosystème et soucieuse de la protection de l’environnement, j’ai fait mon entrée dans le monde la société civile en travaillant avec plusieurs organisations fin de former les jeunes sur l’empois verts et les pratiques et technologies novatrices de résilience et d’adaptation aux changements climatiques et la promotion des innovations des activités durables et qui respectent les principes environnementaux dans différente communauté du Bénin.
Vous venez fraichement d’être distinguée parmi les 10 jeunes les plus remarquables du Bénin par la Jeune Chambre Internationale. Qu’est-ce que ce trophée TOYP représente pour vous ?
C’est un très grand honneur de recevoir ce trophée TOYP dans la catégorie leadership environnemental et ou moral car cette gratification récompense un travail de longue haleine. C’est mon travail, ma profession. Je veux toujours être le meilleur et je me sacrifie pour cela. Pour moi, c’est très important de gagner quelque chose comme ça. Ce prix me permettra d’améliorer ma visibilité et ma crédibilité dans ma communauté. Pour moi, recevoir un trophée de cette dimension, c’est un moment à part. Cela vaut la peine de travailler avec beaucoup de rigueur et de se sacrifier. Je sens une grande joie, je suis contente.
Vous militez dans le domaine de l’environnement ; que faites-vous concrètement ?
Passionnée de la nature, j’ai instauré le programme CPN (Connaitre et Protéger la Nature) au sein des établissements à travers une campagne dénommée tournée verte au cours de laquelle j’ai sensibilisée les jeunes apprenants des collèges et lycées sur les gestes éco citoyens et écoresponsable respectueuses de l’environnement. Afin d’apporter ma contribution à la lutte contre les sachets plastiques j’ai initié la sensibilisation ‘’ Zéro sachet plastiques dans les écoles et collèges’’, << Marché sans sachet>>. Un programme ayant permis de sensibiliser 10 000 élèves, 25 collèges et 3 marchés publiques dans les départements de l’Ouémé et du Plateau. J’ai également initié un programme de formation sur l’entrepreneuriat vert ce qui a permis de former 2500 jeunes à la fabrication des emballages biodégradables à des fins commerciales, et la fabrication du compost et les méthodes de production de l’agriculture hors sol pour une meilleure gestion des terres. L’agriculture hors sol étant une méthode d’adaptation de l’agriculture face aux inondations qui constituent un risque climatique dans la vallée de l’Ouémé.
Plusieurs formations gratuites organisée dans le domaine de l’entreprenariat vert au profit des jeunes et des déscolarisés, ainsi qu’un éco-jogging et de journées d’éducation environnementale et formations gratuites sur la gestion des déchets dans les collèges et lycées dans les départements de l’Ouémé. J’ai également organisé des sensibilisations sur les bonnes pratiques à adopter pour une meilleure protection de l’environnement au profit des jeunes dans les communes de l’Ouémé.
Pourquoi votre engagement est centré sur l’environnement ?
Le réchauffement climatique est une réalité à laquelle les jeunes générations se confronteront de manière très brutale dans les décennies à venir. Et c’est dès aujourd’hui que nous les jeunes, devrons nous mobiliser massivement pour préserver la planète. C’est dans cette optique que je mène des actions au quotidien afin de contribuer à la lutte contre les changements climatiques.
En effet, les changements de la biodiversité sont devenus des enjeux à la fois régionaux, nationaux et internationaux. Ils demandent un accroissement des actions dans ce secteur afin d’assurer une meilleure utilisation et conservation de la biodiversité, et de biens et services écologiques qu’elle procure. De plus, l’impact des activités humaines sur l’environnement est l’une des causes des changements climatiques que nous vivons au quotidien. Amener l’Homme à comprendre qu’il peut non seulement aider à améliorer les conditions de vie sur la terre mais aussi participer à la sauvegarde de l’environnement est l’une des solutions pour une lutte véritable contre les changements climatiques. C’est en partie ce pourquoi j’ai décidé de m’engager pour la protection de l’environnement.
Il y a déjà au Bénin, plusieurs organisations qui œuvrent déjà pour les causes environnementales et climatiques. Quelles solutions apportez-vous pour faire la différence ?
Nos actions sont beaucoup plus orientées vers les enfants car, lorsqu’on apprend à un enfant du primaire une notion à l’école, de retour dans son foyer, il s’amusera à échanger avec ses parents sur ce qu’il a appris. C’est pourquoi nous nous sommes engagée pour l’éducation en environnement et au développement durable en milieu scolaire afin d’inculquer aux enfants dès leur plus jeune âge les notions environnementales ainsi que les gestes écocitoyens à mener au quotidien pour assainir et rendre propre son cadre de vie.
De plus, nous recherchons des techniques innovantes et résilientes aux changements climatiques pour aider les producteurs à mieux faire face aux manifestations des dérèglements climatiques. Dns ce cadre, nous avons mis à la disposition des producteurs, du compost magique à base de jacinthe d’eau afin d’aider ces derniers à accroitre leur production en utilisant un fertilisant biologique qui ne présente aucun risque à l’environnement.
Pouvez-vous énumérer quelques résultats et impacts concrets de vos actions ?
Depuis 4 ans, je suis dévouée corps et âme pour le bien être de ma communauté en mettant en place plusieurs projets, programmes, initiatives et innovations afin d’aider la communauté face au problème socio-économique qu’elle rencontre. Mon programme de formation sur l’entrepreneuriat vert et économie vert et circulaire a permis dans un premier temps de former 3458 jeunes à la fabrication des emballages biodégradables à des fins commerciales, former 38 jeunes associations et organisations sur le transfert de technologie. Aujourd’hui grâce au Programme route de la jacinthe initié afin de former les jeunes sur les technologies de valorisation de la jacinthe d’eau à des fins commerciales afin de lutter contre le problème de chômage et d’insertion professionnelle des jeunes depuis 2016, j’encourage les jeunes de ma communauté ainsi que les femmes à s’auto employer. J’ai contribué à former près de 240 jeunes hommes et femmes dans la commune de So-ava et 1589 jeunes entrepreneurs verts dans la basse vallée de l’Ouémé sur la valorisation économique de la filière jacinthe d’eau.
Quelles sont les grands projets et actions que vous comptez mener à court terme ?
Je compte continuer à mener des actions pour préserver notre environnement et amener d’autres jeunes à s’investir et s’engager d’avantage dans cette lutte. Je compte également promouvoir dans les mois à venir l’entrepreneuriat en milieu scolaire en développant des programmes éducatifs destinés à sensibiliser les élèves de collèges et lycées à l’entrepreneuriat, aux mécanismes de l’entreprise, et plus largement à la prise d’initiatives.
Vous rencontrez certainement des difficultés dans vos différents projets ou action ? Que peut-on en savoir ?
Les difficultés que nous rencontrons sont en partie celles liées au financement et à la collaboration avec certaines écoles qui nous interdissent l’accès à leurs établissements.
Le Bénin à l’instar des pays pauvres, vit déjà les conséquences du réchauffement climatique. Quelles sont ses conséquences ?
Au Bénin, les impacts actuels et potentiels de la variabilité du climat et des changements climatiques sont le reflet du système climatique planétaire dans lequel s’inscrit l’Afrique de l’Ouest en général, et le Bénin en particulier.
Les secteurs les plus affectés par le changement climatique sont ceux de l’agriculture, des ressources en eau, de la foresterie, de l’énergie, du tourisme, du littoral et de la santé. Les impacts du changement climatique se résument entre autres à :
- dans le secteur de l’agriculture, nous avons, la perturbation du calendrier agricole, les baisses de rendements agricoles, les perturbations des activités de pêche et d’aquaculture, la forte mortalité du bétail, etc.
- dans le secteur des ressources en eau, les impacts observés à travers les manifestations de ces risques climatiques sont notamment la submersion ou le tarissement des points d’eau, l’assèchement ou le comblement des nappes et cours d’eau et la modification des habitats et de l’écologie de certaines espèces animales et végétales.
- dans le secteur de la foresterie : les ressources forestières, depuis plusieurs décennies sont en proie à une forte dégradation sous l’effet des pressions anthropiques (extension anarchique des espaces agricoles et pastorales, appauvrissement des sols et changement d’utilisation des terres, etc.). Nous avons également, le dépérissement des forêts galeries, le dysfonctionnement physiologique et écologique de certains écosystèmes forestiers, la régression des populations d’espèces ligneuses caractéristiques, la réduction de la taille des populations animales dans les parcs nationaux et la modification de la structure de peuplement de certaines espèces végétale et animale, etc.
Avez-vous un appel particulier à lancer à la jeunesse béninoise et/ou des autorités de notre pays ?
La mobilisation de notre génération pour le climat est logique, notre génération étant celle qui va subir le plus frontalement les conséquences du dérèglement climatique. Nous sommes conscients que le monde sera profondément bouleversé par le dérèglement climatique, c’est pourquoi nous sommes de plus en plus engagés pour l’environnement en participant à des manifestations ou en étant bénévoles dans des associations. Mais nous, jeune génération, sommes très influencés par les nouveautés et la mode et nous avons du mal à nous défaire des habitudes de consommation. Nous devrons donc chercher à changer nos habitudes et continuer à mener des actions écologiques pour protéger et préserver notre environnement.
Pour finir, je dirai à la jeunesse béninoise que rien ne s’obtient dans la facilité. Il n’est pas facile de réussir, mais quand on s’engage avec assez de volonté, on y arrive toujours. Il n’y a que par le travail bien fait et la persévérance que nous arriverons à faire parler de nous dans un monde où la jeunesse est confrontée aux problèmes d’enracinement des leaders vieillissant, prêt à tout pour rester aux pouvoirs et qui écarte les jeunes générations.
Quel est votre mot de la fin pour boucler cette interview ?
Je finis en ayant une pensée pour Mr TOTIN Henri le Directeur Exécutif de l’ONG JEVEV pour sa confiance et son soutien au quotidien. Longue vie à l’ONG JEVEV.
Je souhaiterais également exprimé toute ma gratitude au jury de la Jeune Chambre Internationale Bénin, ainsi qu’à l’équipe projet TOYP 2021 qui a décidé de nous accorder ce prix dans la catégorie Leadership moral et ou Environnemental. Ce trophée que j’ai reçu et qui me permettra de mener d’avantages d’actions pour la protection de l’environnement.