Nous sommes les seuls logiques partenaires de la nation. Notre terre vit par nous, elle n’a d’ailleurs que nous pour continuer par égrener les berceuses ensorcelantes qui permettent à son histoire de poursuivre sa suite. Nous sommes les forces de la nation. Mais cette dernière a inéluctablement besoin que ses forces soient vives. Vives pour penser, vives pour agir, vives pour concrétiser son dessein ; ces forces doivent être en permanence vives pour être l’aurore d’un jour radieux pour leur temps mais aussi vives pour être le présage d’un avenir meilleur au profit des générations successives.
En vérité le citoyen, pour effectivement mériter de l’être, doit apporter sa part de force à sa nation. Puisque c’est cette essence que chacun d’entre nous doit à notre terre commune qui constitue en définitive notre contrat citoyen. Et un contrat, il faut le remplir. Les pays de l’Afrique du sud Sahara doivent être des nations fortes. Pour ce fait, il faut les bâtir. L’ancien Président américain Barack Obama n’aura-t-il toujours pas raison d’avoir dit à Accra en 2009 que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais plutôt des institutions fortes ? Son point de vue, au-delà d’être une simple affirmation, est plutôt la clé secrète que doivent saisir les nations africaines pour emprunter enfin le chemin du développement durable. Les pères des nations africaines alors colonies occidentales se s’étaient ardemment battus pour libérer nos terres et parvenir à l’indépendance. Nos aînés des années quatre-vingt-dix quant à eux, ont fait de la démocratie leur bataille ; et ils s’en sont sortis honorés à travers le Continent. Les uns ont triomphé, les autres ont été héroïques.
Chaque génération porte pour elle et pour l’avenir, les défis de son temps. Quel est le défi le plus noble qu’aujourd’hui, nous portons pour nous garantir une Afrique meilleure ? Quel est la mission la plus fière que nous entendons accomplir de notre temps afin d’assurer une vie paisible aux enfants de nos petits-enfants ? Le mieux est que nous construisions des nations fortes. Les nations fortes sont exclusivement celles qui sont érigées sur des institutions fortes. Le cas du Bénin a fait école. Pionnier de la démocratie en Afrique au lendemain de la conférence nationale des forces vives de la nation de 1990, il a su se forger des institutions qui ont inspiré de nombreux pays du continent et séduit de nombreuses puissances à travers le monde. En revanche ces institutions sont-elles fortes ? Les bégaiements enregistrés ces récentes années prouvent le contraire. C’est justement là que les jeunes doivent écrire l’histoire. C’est à ce niveau que doit commencer l’épopée de notre génération. Les pays africains notamment ceux francophones sont sans cesse empêtrés dans des bredouillements disgracieux d’une classe politique généralement imbue d’elle-même, efficacement corrompue et souffrant d’un manque de patriotisme pertinent. Il revient à la société civile et aux associations de jeunes d’aider les dirigeants des nations africaines à se réconcilier avec la démocratie tant violée, tant trahie. Les pays africains ne sont pas pauvres ; ce sont leurs institutions qui sont pauvres. Elles sont pauvres avec leurs dirigeants, eux qui ont choisi le sens et la direction inverses de l’histoire. C’est parce qu’ils n’avaient pas de contrat citoyen.