« Se sentir utile au monde est la satisfaction morale qui me motive…»
L’apprentissage par la pratique, le service à la communauté et le réseautage constituent entre autres le chemin de l’engagement du jeune leader Saleck GBANKOTO. Inspecteur des impôts et Maitre en Gestion de projet, il est convaincu que l’engagement citoyen est un moyen efficace pour conduire le Bénin ver le développement durable.
Présenter à nos lecteurs s’il vous plait !
Je réponds au nom de Saleck GBANKOTO, marié et père de deux enfants. Je suis directeur d’exploitation d’une société d’imprimerie qui existe à Cotonou depuis 20 ans et comporte 35 employés. En outre, je suis promoteur de l’entreprise Safary qui fait de l’assistance fiscale, comptable et en gestion d’entreprise.
Juste après mon baccalauréat série D, j’ai été admis à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) où j’ai étudié l’administration des finances sanctionné par un diplôme d’Inspecteur des impôts. Après 2 ans de pratiques dans la vie active, j’ai senti la nécessité d’aller sur un terrain plus large et transversal en faisant un master en gestion de projet.
J’ai été identifié par le programme américain YALI en 2017 qui m’a permis de bénéficier d’une formation en Public management au CESAG Dakar qui est l’école de référence en Afrique en matière de gestion. J’ai également suivi beaucoup d’autres formations qui ont forgées l’homme que je suis aujourd’hui.
Vous avez de longues années d’expériences de services à la communauté. Quelles sont les activités que vous menez concrètement ?
La fibre du leadership étant innée, mes premières activités dans ce sens étaient depuis le lycée ou j’avais la facilité à regrouper les amis pour organiser des évènements culturels, des tournois de football pour nous occuper utilement pendant les vacances. A l’université j’étais représentants de ma promotion lorsqu’ils fallait défendre nos droits auprès de l’administration. J’étais très présent dans tout ce qui avait comme activités de cohésion et d’harmonie entre étudiants, soutien mutuel, préparation aux examens en groupe, …
Ma première grande activité a été l’organisation d’une conférence internationale sur la gouvernance publique en 2013. C’était sous le parrainage du ministre en charge de la décentralisation et a connu la participation d’éminents cadres béninois du secteur du développement local et des universitaires venus de l’université Senghor d’Egypte, de France et du Canada. Cet évènement a mis la lumière sur ma modeste personne et s’en est suivie ma participation à d’autres activités du genre de grande visibilité. L’on m’a entre-autre sollicité pour donner des communications dans de grands étudiants, partager mes petites expériences et les motiver.
Etant très jeune, j’ai décidé d’acquérir le Savoir-être qui, à mon avis était l’élément essentiel qui pourrait me permettre de tutoyer de hautes sphères étant jeunes. Ainsi, j’ai intégré la Jeune Chambre Internationale (JCI) qui est une association mondiale de jeunes citoyens actifs de 18 à 40 ans et présentes dans plus de 114 pays à travers le monde. J’y ai fait mon petit bonhomme de chemin pour devenir cette année Président local. Nous identifions des problèmes de notre communauté, nous y trouvons des solutions durables et cherchons des partenaires pour les réaliser. Ainsi nous avons réfectionné des maternités, des salles de classes, donné des équipements médicaux au centre de santé, réfectionné des puits pour garantir l’eau potable, fait des campagnes de dépistage gratuit du cancer du sein et du col de l’utérus, sensibilisé les élèves sur la sexualité en milieu scolaire, encouragé les meilleurs élèves, sensibilisé sur les gestes barrières du covid-19 et fait des dons de masque et dispositifs de lavage de mains. Bref, nous ne cessons de chercher comment nous pouvons être utiles à notre communauté avec les moyens limités dont nous disposons.
Pourquoi ces types d’activités constituent pour vous des priorités ?
Vous savez, un humain, peu importe sa race, sa religion ou sa nationalité a besoin de trois éléments essentiels pour réussir sa vie et être équilibré : le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Le premier s’apprend à l’école. Le deuxième s’apprend à l’université ou dans les centres de formations professionnelles. Mais le savoir-être s’apprend dans la société, dans le brassage avec ses semblables, dans la communauté. Il n’y pas d’école où ça s’apprend.
Vous pouvez être fortuné, milliardaire et ne pas avoir de savoir-être. Cela sera toujours un frein pour dans la société. Les gens auront du respect pour votre fortune mais pas pour votre personne. C’est ainsi vous pouvez être pauvre et chétif mais des personnes ayant le pouvoir ou l’argent se réfèreront à vous ou voudront vous associer à leur vie.
Ainsi, j’apprends par la pratique en me mettant en réseau avec des jeunes partageant la même vision que moi pour mener des actions citoyennes.
Êtes-vous satisfait des résultats et impacts de votre engagement citoyen ?
Dire que je suis satisfait, c’est comme une fin en soi. Je suis plutôt content de l’effet de mon implication dans la citoyenneté, de ma modeste contribution à avoir une société meilleure. Se sentir utile au monde est la satisfaction morale qui me motive à faire mieux malgré les difficultés inhérentes.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez le plus souvent ?
Les difficultés sont d’ordre endogène d’une part et exogène d’autre part. Au sein des associations de jeunes pour mener des actions communautaires, c’est souvent des guerres de leadership à l’interne. D’autres veulent toujours être les meneurs sans donner la chance aux autres de faire leurs expériences. Certains veulent toujours avoir le dernier mot et imposer leur volonté. Parfois il se pose la question du respect strict des règles qui régissent le fonctionnement de l’association. Bref, tout ceci contribue même à l’apprentissage du travail en équipe. C’est mieux d’être confronté à ces réalités de la vie au bas de l’échelle que lorsque vous serez en fonction à un grand poste. C’est de l’expérience !
De façon exogène, nous sommes confrontés à des difficultés à trouver et maintenir des partenaires pour la réalisation des projets. Parfois nous avons l’ambition de faire beaucoup mais nous sommes limités par les moyens dont nous disposons. En outre, nous sommes démotivés lorsque nous revenons quelques mois après avoir apporté des solutions constater que les populations en ont fait un mauvais usage de l’aide.
Comment avez-vous géré vos activités d’engagement civiques malgré la pandémie du COVID19 ?
Il fallait très vite revoir le plan d’action de l’année et l’adapter aux contextes sanitaires. Nous avons vite compris que cette pandémie ne partirait pas aussi vite qu’elle est venue. Ainsi nous avons supprimé déjà nos actions grand-public prévues pour respecter la consigne d’éviter les grands attroupements. Nous vulgarisons beaucoup les consignes éditées par les autorités sanitaires de notre pays en faisant des sensibilisations et des dons de matériels nécessaires dans les écoles, les hôpitaux, les marchés, … L’année scolaire ayant été perturbée par la maladie au COVID19, nous avons fait des dons de matériels scolaires et de protection aux enfants candidats aux examens afin de les motiver à travailler et surtout qu’ils réussissent en majorité. Cette action a eu beaucoup d’impact parce que les résultats des examens dans les localités ont été encourageants.
Vous voudriez partager deux valeurs essentielles qui vous motivent à servir votre communauté ?
Un jeune leader doit choisir les valeurs qui lui conviennent et s’efforcer à les prôner au quotidien dans toutes ses actions. Je suis adepte de la franchise, de la loyauté, du respect des règles morales et de la société. Je milite pour le travail bien fait et la persévérance. Ma maxime de vie est : « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombres des années ». Ce que d’autres font obtenu à 40 ans, je peux travailler à l’obtenir à 30 ans. Le niveau que nos parents n’ont pas atteint, je dois pouvoir le dépasser afin qu’ils soient fiers de moi.
Avez-vous un appel à l’endroit de la jeunesse béninoise ?
Jeunesse béninoise, lève-toi ! Chaque génération écrit son histoire qui doit inspirer les générations futures. Ainsi va la vie. Le contexte de nos pays africains fait que soit on est battant, soit on est battu. Moi j’ai choisi d’être actif. Allons ensemble dans l’action pour nous préparer à diriger notre pays!