« …C’est bon de le savoir, c’est aussi plus heureux et meilleur d’en être acteur… »
Il se définit lui-même comme un entrepreneur industriel conduisant actuellement Smart ENergy et CosmoLAb Hub. Thierry Martial Tchangole est riche d’un parcours en Mathématiques Informatique Appliquées accompli à l’Université d’Abomey-Calavi–Bénin avec en appoint, des études en entrepreneuriat et administration des entreprises a VanDuyse Entrepreneurship Leadership Institute (VELI), et au Centre Régional de leadership de Dakar (programme Young Africans Leaders Initiative).
Dites-nous comment vous êtes arrivé à l’engagement civique ?
J’étais en classe de quatrième quand j’ai compris que ma vocation est de servir et de conduire à travers tout ce dont je regorge comme talents. J’ai eu la chance d’apprendre de mon père l’amour du travail bien fait, avec abnégation, sans forcément rien attendre en retour, la culture de la curiosité; et de ma mère, le courage, l’audace, la persévérance, et la discipline, tout en restant vraie à sa foi et à son identité. Je suis un passionné de plusieurs choses, du patriotisme. J’étais dans une démarche de formation ecclésiastique et plus tard de l’armée pour devenir mécanicien aéronautique.
C’est ainsi que plus tard, toujours dans la quête de nourrir ma soif de grandir et de s’ouvrir à d’autres horizons, j’ai découvert AIESEC (Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales), une organisation de jeunes existante depuis 1958, qui promeut la paix et le plein accomplissement du potentiel humain en chaque jeune, à travers diverses activités. Ce fut une occasion pour moi par le biais de AIESEC, d’être confronté aux réalités du monde professionnel; d’aller enseigner dans les collèges le langage de programmation SCRATCH aux élèves du primaire et du secondaire; d’apprendre le design et de l’enseigner en retour au public, d’être impliqué dans le pilotage des projets tels que la campagne de sensibilisation sur les méthodes préventives du paludisme; la promotion officielle des ODD au Bénin en 2016 avec différents organismes nationaux et internationaux; etc.
Ces expériences ont été acquises à travers diverses fonctions, notamment en tant que responsable technique d’appui du bureau national, et Vice-président chargé de la communication et du marketing à AIESEC. Ce fut un écosystème qui m’a permis d’exercer le volontariat en développant de nouvelles aptitudes et attitudes. Des qualités qui me permettent de continuer ma vie associative au BYAA (Benin Yali Alumni Association) et dans le réseau des Alumni AIESEC au Bénin.
En droite ligne avec ma passion d’enfance et mes occupations quotidiennes, je suis actuellement le point focal du congrès consultatif de l’ONU sur les technologies et programmes de l’espace appelée Space Generation Advisory Council (SGAC), au Benin. Mon rôle est de vulgariser les sciences et technologies spatiales tout en montrant les usages possibles qu’on peut en faire, et de comment cela contribue majoritairement à la performance des activités et l’amélioration de la qualité de vie de l’homme.
Je collabore également avec la Fédération Aéronautique Internationale(IAF), sur les politiques d’investissement dans les missions spatiales et de leurs accessibilités, en tant que membre du comité Entrepreneurship and Investment.
Quels sont les domaines dans lesquels vous intervenez le plus pour apporter des changements positifs dans la communauté ?
Je suis sensible à tout ce qui est lié intrinsèquement à la vie, dans mon entourage. Mon génie se manifeste actuellement dans deux secteurs d’activités à savoir: les énergies renouvelables (l’efficacité énergétique) puis l’éducation spatiale.
Smart ENergy, une start-up verte, promotrice de l’économie circulaire et de l’ODD7, met en place deux entités de production d’énergie, dont l’une pour les combustibles domestiques appelée Bio-Biogaz à partir des boues d’épuration (excréments humains) et l’autre pour la production d’énergie électrique appelée Smart Box qui est une alternative de générateur électrique moderne, écologique, non combustible en développement.
CosmoLAb Hub est un écosystème favorable, pour vulgariser et démystifier les Sciences et Technologies Spatiales Appliquées, par le biais de la mise en place d’un Observatoire Scientifique (planétarium); d’un Maker Lab Space pour des expérimentations stimulant les jeunes à l’industrialisation; et du journal CosmoLAb Magazine, à travers divers programmes de bandes dessinée, de dessin animé, et de jeu vidéo pour l’enseignement de l’astronomie et de l’aérospatiale. Je suis le Co-directeur de la start-up Ubuntu Space Initiative dont mon rôle est d’organiser des compétitions spatiales dans tous les pays d’Afrique, afin de sensibiliser à la fabrication et à la culture de l’industrialisation spatiale.
Quel est selon vous, le plus grand impact que vous avez créé au sein des communautés grâce à votre engagement?
J’ai eu la grâce de réaliser pas mal de choses que je ne pourrai qualifier de grand encore, tant que j’ai la vie, parce que mes attentes à travers mes engagements sont très loin, et seul je ne pourrai les combler.
Le 11 septembre 2021, j’ai organisé pour la première fois au Bénin, au nom de CosmoLAb Hub, en partenariat avec les clubs d’astronomie, la première édition de la Journée de l’Astronomie et des Découvertes Spatiale(JADS), réunissant 50 participants de 05 ans à 12 ans pour une session mineure et de 13 à 25 ans pour une session majeure; puis 250 personnes directement touchées. Le thème était “La planète des enfants, quelle destination choisir: terre ou mars? Face aux enjeux climatiques”. Ma joie fut celle du ressenti des participants, mais en particulier, celle d’une jeune fille de 16 ans qui n’ayant ni téléphone, n’étant pas inscrite non plus, fit de son mieux, parcourant une vingtaine de kilomètres pour venir assister aux ateliers de la JADS, ce jour-là. Elle me confia à la fin, et renoua son engagement de devenir la première femme béninoise astronaute. Ce qui lui est très possible. Je suis fier du déclic que mon équipe et moi avions créé chez les participants.
Vous avez évoqué le domaine de l’astronomie ou de l’espace. C’est plutôt rare de voir les jeunes béninois s’intéresser à un tel domaine. Pourquoi vous-y êtes orienté ?
Mon premier astronome fut la grande mère de ma mère. Elle avait pour habitude, après avoir révisé les leçons les soirs, de nous réunir au milieu de la cours de maison, pendant que le ciel était rempli de différentes étoiles, nous compter au claire de la lune parfois, des histoires sur la nature corps célestes et la préhistoire, etc. J’étais particulièrement curieux, voire téméraire à l’époque avec beaucoup de questions dont celles-ci revenaient souvent: Pourquoi le ciel autant lumineux le jour laisse place à l’obscurité durant la nuit avec de petites incandescentes lumineuses? Qu’est-ce qui allume les lumières que nous voyons au ciel? Y a-t-il du feu ou de l’électricité là-bas? Des réponses que j’ai finies par avoir au fur et à mesure que j’ai grandi.
Je m’y investis parce qu’il y a beaucoup d’opportunités de se faire de l’argent. J’ai toujours été passionné de comment mettre la science au profit du développement d’entreprise, du business pour bâtir des industries d’éthique. Ce qui est intéressant, c’est que le secteur aérospatial a une liaison avec tous les domaines d’activités de la vie, sans exception. Donc chacun peut y faire son petit bonhomme. C’est bon de le savoir, c’est aussi plus heureux et meilleur d’en être acteur.
Quels sont selon vous, les défis à relever par la jeunesse béninoise dans un domaine tel celui de l’astronomie ?
Ce qui fait la difficulté des jeunes de manifester entièrement leur désir d’épanouissement sur les sujets de l’aérospatiale et de l’aéronautique, notamment l’astronomie et l’aviation est qu’il manque de politique nationale et académique promouvant l’utilité et l’importance de tels secteurs. En effet, bon nombre d’enfants, de jeunes trouvent leur rêve de devenir pilotes, astronautes, ingénieurs satellites, etc utopique à cause de l’environnement qui ne s’y prête pas, puis du manque de ressources financières leur permettant d’approfondir les études requises. C’est ce qui justifie la raison d’être de CosmoLAb Hub.
Il faudra d’abord du bon grée des jeunes, initier eux-mêmes des activités suscitant la curiosité, l’imagination, et permettant d’aller au fond des choses. Il est du devoir des jeunes de révéler le besoin d’investir dans l’éducation de l’astronomie. N’oubliez pas que l’horloge, les montres à décomptes du temps que nous portons aujourd’hui à nos mains, ont été des fruits de l’astronomie, venu de l’Egypte antique.
Vous avez récemment pris part à la 19ième Space Generation Congress (SGC) à Dubai. De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que vous y avez appris ?
Le Congrès de la Génération Spatiale (SGC) est une conférence annuelle qui réunit les meilleurs jeunes esprits du monde entier autour des thèmes spatiaux clés. Le SGC est la conférence mondiale pour les étudiants universitaires et les jeunes professionnels sur les préoccupations ou difficultés spatiales rencontrées aujourd’hui. Événement unique en son genre, le SGC offre à la prochaine génération de leaders de l’espace l’occasion de nouer des contacts et d’examiner les questions cruciales qui se posent à la communauté spatiale et internationale dans son ensemble. Le congrès a eu lieu en même temps que le Congrès International d’Astronautique (IAC) et s’est tenu à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, en octobre 2021. J’ai eu l’honneur de représenter en effet le Bénin parmi les 155 participants des 49 pays retenus, en tant que point focal du SGAC au congrès SGC. Ce fut aussi, l’occasion de valider mon adhésion finale au Comité Entrepreneurship et Investissement (EIC) de la Fédération Internationale Astronautique (IAF) lors de son 72e Congrès International Astronautique(IAC), pendant l’Assemblée Générale.
Parlez-nous un peu des difficultés que vous rencontrez dans votre engagement civique?
La difficulté principale est lorsqu’on semble être précurseur du nouvel salut sur un territoire, on n’est pas toujours bien accueilli. Il faut une longue évangélisation des bienfaits et merveilles de l’antidote pour avoir une grande communauté passionnée et engagée. En face de pareille difficulté après avoir organisé la Journée de l’Astronomie et des Découvertes Spatiale au Bénin(JADS), vue l’engouement et la satisfaction des participants; l’équipe de CosmoLAb Hub a décidé de faire des Roadshows (caravanes) dans les chefs lieux des 12 départements du Bénin, à partir de 2022 pour vulgariser l’astronomie et émuler le genie des jeunes et enfants des primaires, secondaires et lycées à l’usage des technologies spatiales tout en faisant face aux réalités de leurs milieux et de résoudre les problèmes qui s’y trouvent efficacements par eux-mêmes. Notamment, nous manquons d’appui techniques et financiers puis de soutiens moraux de part les autorités nationales. Les difficultés sont aussi d’ordre de ressources humaines suffisantes et surtout disponibles. Du manque de matériels de travail pour prototyper, bricoler, designer les projets avec les enfants.
Nous arrivons à la fin de cet entretien. Quel est votre mot de la fin ?
Les satellites, choses dont nous avons surtout besoins, pour améliorer la fluidité et la qualité de nos réseaux de télécommunication afin d’assurer l’indépendance; pour faciliter et renforcer la capacité productrice d’une agriculture saine et extensive; pour maîtriser et contrôler les impacts des variantes climatiques sur les infrastructures mobilières et immobilières du pays; pour assurer et veiller à la qualité de la sécurité nationale et frontalière, ainsi que du suivi de l’évolution des ressources marines, forestières et aquatiques de façon efficiente et pérenne. L’urgence est d’investir dans ces technologies qui ne sont pas des outils de prestiges, mais de nécessité à l’amélioration de la qualité de vie afin d’assurer son autonomie et sa dépendance.
Ce qui est intéressant est que tout s’y est prêté pour nous, d’émerger et de ne plus accorder raison aux excuses.
L’Union africaine (UA) travaille ardemment pour bâtir d’ici 2030, deux universités pour enseigner sur l’industrie spatiale et former des ingénieurs dans le secteur; puis doter l’Afrique d’une agence de lancement. Apprêtons-nous, car le train est proche!
Je crois fermement que l’industrialisation est le principal moteur de la croissance économique. Et les technologies spatiales sont des éléments du pipeline (connecteur) qui permettent de l’alimenter, tout en associant l’atteinte des objectifs du développement durable à l’éthique et aux valeurs industrielles.
N’hésitez pas à me contacter et aussi, et de rejoindre l’aventure!! Merci,