« Servir les autres est avant tout un besoin naturel et une conviction personnelle pour moi. »
Sa passion pour le droit trouve son origine dans sa haine pour l’injustice. Adam Issiakou va très tôt découvrir le bonheur de servir la communauté. Le jeune leader président de l’Association des jeunes juristes du Bénin inspire tant par son talent multidisciplinaire que par la joie qu’il répand autour de lui.
Vous voudriez vous présenter s’il vous plait !
Je suis Adam ISSIAKOU, Juriste mais également Téléconseiller, spécialiste du service client Digital. Lauréat du programme Jeune Leader du Bénin de la Fondation Friedrich Ebert en 2019, j’occupe le poste de Secrétaire général de la Section Bénin de l’Union des Haoussa du Monde. Je préside depuis Septembre 2022, l’Association des Jeunes Juristes du Bénin et dernièrement je suis porté coordonnateur Départemental/Littoral du Réseau Alumni des Jeunes Leaders du Bénin.
Vous avez pris part à des programmes de leadership au profit des jeunes. Dites-nous les grandes transformations qu’ils ont apportées dans votre vie ?
J’ai essentiellement pris part au programme Jeune Leader du Bénin de la Fondation Friedrich Ebert. Ce programme est la meilleure expérience de vie que j’ai eue à ce jour parce qu’il m’a fait entrer dans une nouvelle dimension. J’y suis allé avec l’envie d’apprendre d’avantage sur le Bénin et ses enjeux, mais aussi de renforcer mes capacités. J’en suis ressorti, transformé dans tous les aspects de ma vie.
Sur le plan personnel, ma volonté de me mettre au service de la communauté, du pays et des plus faibles s’est d’avantage raffermie. Les séances de coaching collectif et individuel avec le Dr Expédit Ologou ont été des moments de connaissance de soi et d’apprentissage sur les outils nécessaires à un meilleur leadership. Relativement à la connaissance du Bénin et de ses enjeux de développement, j’ai connu un véritable « boost » informationnel. En effet, à travers les différentes sessions de formation sur les thématiques socio-économiques, j’ai pu rencontrer les acteurs principaux des secteurs d’activités vitaux du Bénin, avec qui les questions essentielles ont été abordées. C’était une belle occasion de connaître le Bénin, au-delà des informations diffusés dans les médias, avec pour précieuse finalité, de se faire une opinion raisonnée et sincère des défis de développement. Enfin, d’un point de vue purement social, ce fut l’occasion de rencontrer d’autres jeunes béninois engagés dans des domaines d’activités similaires ou différents au mien. Particulièrement intéressé par le brassage, la diversité et le transfert de compétence entre jeunes, j’ai profité de cette formation pour acquérir d’autres compétences complémentaires et pour élargir mon carnet d’adresse.
Vous êtes alors un Jeune leader actif notamment dans le domaine juridique. Vous le faites par responsabilité ou par passion ?
C’est d’abord par passion. Ma passion pour le droit réside dans la haine que je nourris pour l’injustice, sous toutes ses formes. La règle de droit étant l’instrument fondamental de régulation des rapports sociaux, il était naturel pour moi d’étudier cette science pour être apte à défendre mes idéaux. Ensuite, l’exercice de la passion avec efficacité conduit à la responsabilité. Dès lors que j’ai franchi la deuxième année de Droit, j’ai acquis plus de responsabilité dans l’association où je militais depuis une année. Cela s’est renforcé au fur et à mesure que je prenais des initiatives visant à résoudre certaines préoccupations citoyennes jusqu’à mon élection à la tête du Bureau Exécutif en septembre 2022. Pour moi, la responsabilité n’est pas à priori synonyme de plus haute fonction ; c’est d’abord une question de conscience personnelle et d’engagement sincère. Plus de responsabilité signifie une position plus favorable pour impacter davantage. Je travaille donc plus qu’auparavant, non seulement pour justifier mon poste mais surtout pour donner le bon exemple aux collègues.
Comment appréciez-vous les impacts de vos différentes actions ou projets dans la communauté ?
Il est difficile pour moi d’apprécier l’impact de mes actions parce que je crains de tomber dans l’autosatisfaction. Or, comme le dit bien l’adage « tant qu’il reste à faire, rien n’est encore fait ».
Néanmoins, pour les besoins de suivi-évaluation, je recueille l’avis de personnes extérieures sur l’utilité et la pertinence de mes actions. Il arrive également que des bénéficiaires directs ou indirects de mes actions me contactent personnellement pour me faire part de leurs satisfactions, attentes ou suggestions. Ce sont des actes qui me rassurent et me motivent à redoubler d’efforts pour un meilleur rendement. A titre d’exemple, l’initiative « une notion de plus » qui consistait à clarifier les concepts juridiques via les réseaux sociaux à impacté, pendant plusieurs années, des centaines de personnes et même stimulé des initiatives similaires auprès d’autres juristes. Les retours positifs que j’ai reçus en ce sens témoignent de l’utilité de cette action, qui a permis de rendre accessible le vocabulaire du Droit aux profanes, afin de faciliter la compréhension des lois et l’exercice des droits.
Parlez-nous des obstacles que vous rencontrez dans votre engagement citoyen !
Sur le chemin de l’engagement citoyen, les obstacles sont multiples et multiformes. Lorsque l’initiative est individuelle, je suis souvent confronté à la difficulté de concilier toutes les tâches qu’elle nécessite avec mes obligations professionnelles. Aussi, la question du financement se pose-t-il parfois.
Dans le cadre d’un groupe, ou d’une organisation, les difficultés sont en général d’ordre relationnel, structurel ou pratique. Il n’est pas toujours aisé de gérer les humeurs de tout le monde, ou de s’accorder sur une méthode consensuelle de réaliser le projet ou encore de le réaliser dans le délai convenu. Lorsque les tâches sont réparties pour être réalisées dans un délai déterminé, le non-respect de ce délai par l’un ou l’autre des camarades peut impacter négativement la mise en œuvre du projet.
Quelles sont les valeurs qui vous motivent à servir votre association et la communauté ?
« Servir les autres » est avant tout un besoin naturel et une conviction personnelle pour moi. Je suis convaincu qu’en apportant ma contribution à la cause commune, je participe à la réalisation d’un idéal. Cette conviction, je la doit en grande partie à mon éducation islamique fondée sur les valeurs de travail, d’honnêteté et de solidarité. Par la suite, j’ai bâti ma motivation autour des valeurs comme le respect de la dignité humaine et la gratitude.
Quelle est selon vous la part de responsabilité des jeunes dans le développement durable de notre pays ?
La jeunesse constitue la majorité écrasante de la population béninoise. C’est en réalité un atout considérable pour un pays en voie de développement. Mieux, le développement durable souhaité ne saurait être effectif sans l’implication des jeunes. Notre responsabilité en la matière suppose que nous maitrisions les enjeux de développement et que nous adoptions les bonnes attitudes. Cela commence par la gestion des ressources naturelles telles que l’eau, l’énergie et les arbres. Cette gestion se doit d’être rationnelle et responsable dans la mesure où les générations futures auront besoin d’un cadre sain et de ressources viables pour poursuivre l’œuvre de développement de la nation. Pour cela, nous devons développer des attitudes éco-responsables mais aussi promouvoir les bonnes pratiques de gouvernance dans nos différentes institutions.
Nous sommes à quelques jours des élections législatives de janvier 2023. Quel message avez-vous à l’endroit de la jeunesse et de la classe politique pour une élection apaisée ?
Les élections constituent l’une des caractéristiques essentielle de la démocratie. Au Bénin, et ce depuis l’avènement du renouveau démocratique, les élections sont des moments de compétition politique entre des citoyens autours des visions de développement. Je voudrais donc inviter la classe politique dans son ensemble, à œuvrer pour une compétition saine et festive. J’invite chaque acteur à s’évertuer à ne pas transformer l’adversité politique en conflit ou rengaine personnelle. La fraternité doit être le thème dominant depuis les campagnes électorales jusqu’à la proclamation des résultats.
Quant aux jeunes, je nous invite à la retenue et à l’esprit de patriotisme. L’amour pour son candidat ne doit en aucun être plus fort que l’amour pour son pays. Le Bénin que nous aimons tous, c’est ce pays paisible où les citoyens défendent leur opinion sans pour autant ébranler le vivre-ensemble. Que ce soit avant, pendant ou après les opérations de vote, je nous invite à observer scrupuleusement les prescriptions de la loi en la matière. Sur les réseaux sociaux notamment : se garder de relayer des informations portant atteinte à un candidat ou à un parti politique identifiable, vérifier la source des informations avant de relayer et s’abstenir le cas échéant, s’abstenir de diffuser des messages incitant à la haine, l’ethnocentrisme ou toutes autres formes de violence, promouvoir et partager les messages de paix.
Quel est votre mot de la fin pour conclure cet entretien ?
Je voudrais remercier votre magazine d’une part pour les efforts consentis dans la promotion de l’engagement citoyen au Bénin et d’autre part sur le choix porté sur ma personne. Vous êtes une bonne illustration du sens de l’engagement. Si chaque citoyen béninois peut investir ne serait-ce que le tiers de son temps à un idéal commun, le Bénin se portera beaucoup mieux.
Aboudou Walid AGRO